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YUJI YOSHIDA, POÈTE DU QUOTIDIEN

  • Photo du rédacteur: mastic lifestyle
    mastic lifestyle
  • 5 sept.
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 oct.


Portrait de Yuji Yoshida




Yuji Yoshida nous ouvre les portes d’un univers à la fois intime et universel, où l’art, l’artisanat et l’agriculture se rencontrent et dialoguent. Né en Alaska, élevé au Japon puis formé aux États-Unis, son parcours est marqué par les voyages, les métissages culturels et la quête d’un équilibre entre tradition et modernité. C’est outre-Pacifique qu’il découvre peu à peu sa sensibilité artistique, développant un goût pour les objets anciens et vintage, guidé par les écrits de Furudogu Sakata. Aujourd’hui, installé sur la côte de Kagoshima, il cultive la terre avec la même délicatesse qu’il crée ses œuvres. À travers « Shizen Nōen Yoshida », sa ferme naturelle spécialisée dans les agrumes comme le Hetsuka daidai, il façonne un espace où l’agriculture devient une forme d’art à part entière. Parallèlement, ses créations – objets et tableaux – traduisent cette attention au détail, cette écoute du hasard et des forces invisibles qui habitent la nature. Chez lui, l’observation se transforme en poésie, et le quotidien en matière philosophique. Chaque saison, chaque fruit, chaque imperfection devient source d’inspiration, révélant une vision du monde où le beau surgit de l’ordinaire. Son parcours illustre une rencontre rare entre cultures et disciplines, et nous rappelle combien la sensibilité, l’émerveillement et la contemplation peuvent nourrir la création.







Interview


Yuji, peux-tu nous parler de ton parcours ?


" Je suis né en 1982 en Alaska, où mon père travaillait, mais notre famille est rentrée au Japon lorsque j’avais six mois. C’est là que j’ai grandi. Plus tard, j’ai ressenti le désir de vivre aux États-Unis, et plus particulièrement en Californie, pour m’immerger à la fois dans la communauté japonaise locale et dans la société américaine. J’ai commencé par travailler pour plusieurs entreprises japonaises : une année à Hawaï, puis deux ans environ en Californie, dans le négoce alimentaire et dans une agence d’intérim. Mais mon anglais limité m’a rapidement confronté à de grandes difficultés.


Pour m’intégrer réellement, j’ai décidé d’apprendre la langue. Tout en travaillant dans une société de négoce de poisson frais, je suivais le soir des cours d’anglais dans un community college. Mes journées étaient longues : je travaillais dès l’aube jusqu’à 14 ou 15 heures, puis mes cours commençaient vers 17 heures. Ces cours ont été une révélation. J’y ai rencontré des étudiants inspirants, notamment des Mexicains qui, tout en travaillant dur, cherchaient à se construire un avenir en Californie. Leur détermination m’a profondément marqué.


J’ai aussi eu la chance d’avoir une professeure passionnée, qui m’a encouragé à persévérer et à envisager l’université. Un jour, elle m’a demandé ce que je comptais faire après le community college. Je lui ai répondu que j’irais dans l’université la plus proche. Elle m’a alors conseillé de viser plus haut : selon elle, si je travaillais sérieusement, j’avais de réelles chances d’entrer à l’Université de Californie à Berkeley. À ce moment-là, je n’avais jamais vraiment fourni d’efforts soutenus. Je pensais que Berkeley n’était pas pour moi. Mais j’ai choisi de lui faire confiance… et j’ai fini par obtenir une bourse. "




Art et artisanat de Yuji Yoshida



Qu'est ce qui t'a poussé à rentrer au Japon ?


" J’ai décidé de quitter mon emploi, car il devenait de plus en plus difficile de concilier travail et études à cause du manque de sommeil. Pour mieux gérer mon temps et subvenir à mes besoins, j’ai créé ma propre entreprise en ligne, exportant divers produits américains vers le Japon. Cette activité s’est bien déroulée et m’a permis de continuer mes études tout en travaillant. Pendant mes dernières années à Berkeley, j’ai commencé à réfléchir à ma carrière après l’obtention de mon diplôme, car je souhaitais quitter l’entreprise en ligne, que j’avais créée par nécessité. L’une de mes idées était d’importer de l’artisanat et des antiquités japonaises aux États-Unis pour les vendre. Pour me préparer, j’ai voyagé à travers le Japon pendant les vacances d’été et d’hiver afin d’étudier et d’en apprendre davantage. Ces expériences ont été enrichissantes et m’ont apporté de nouvelles émotions. Au fil du temps, j’ai réalisé que vivre au Japon correspondait mieux à mon confort personnel, que ce soit en termes de sécurité, de langue ou de nourriture. J’ai donc décidé de ne pas retourner en Californie et de mettre mon projet en œuvre : je suis retourné au Japon. Je me suis alors installé dans la région de Tokyo dans un vieil appartement. J’y ai rassemblé des objets qui me touchaient par leur beauté, sans me soucier de leur catégorie : antiquités, artisanat ancien et contemporain venu du monde entier, pièces de design, art brut, art contemporain… Je voulais simplement vivre entourée de ce que j’aime. C’est à cette période que j’ai rencontré l’artiste Yu Kobayashi, lors de son exposition personnelle à Tokyo. Son mode de vie m’a profondément inspiré : elle crée elle-même les objets dont elle a besoin au quotidien. "



Tu vis maintenant sur la côte Pacifique. Pourquoi avoir quitté Tokyo pour le bord de mer ?


" Enfant, à l'école primaire, j'ai confié à mes parents mon désir de vivre près de la mer. Je ne me souviens plus de la raison, mais eux s'en souviennent encore. Ce désir est resté profondément ancré en moi. Je l'ai façonné petit à petit, jusqu'à ce que je décide de m'installer dans un endroit verdoyant, à plus de cent mètres d'altitude, sans obstacle à l'horizon, pour pouvoir admirer le lever du soleil toute l'année. Ce spectacle quotidien résonne profondément en moi. Je suis une personne de cœur, et je suis convaincu que commencer chaque journée face au soleil levant enrichit ma vie. J'ai parcouru la côte Pacifique, de Chiba à Kagoshima, pendant près de dix mois avant de finalement trouver l'endroit où je vis aujourd'hui. "




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Comment es-tu devenu agriculteur ?


" Après mon installation à Kagoshima, j’ai découvert par hasard le verger d’un cultivateur d’agrumes en culture naturelle. Il m’a offert un pamplemousse dont l’équilibre entre acidité et douceur était absolument parfait. J’ai eu la sensation que son acidité pénétrait jusqu’au plus profond de mes cellules. J’en ai été stupéfait ! Je lui ai avoué que je n’avais jamais goûté un pamplemousse pareil. Il m’a remercié en souriant, fier de pouvoir en produire lui-même. Cette rencontre et nos échanges m’ont donné l’élan de me lancer, à mon tour, dans la culture naturelle des agrumes.


Presque en même temps, j’ai découvert qu’un agrume indigène de Kagoshima, encore méconnu, poussait dans ma ville et dans les communes voisines de Kimotsuki et Minamiosumi : le Hetsuka daidai. Avec le vieillissement de la population et la rareté des jeunes producteurs, je craignais qu’il ne soit délaissé, voire condamné à disparaître. J’ai alors ressenti la responsabilité – et l’envie – de relever le défi : faire connaître ce fruit unique et transmettre sa culture aux générations futures. "



Et comment ont émergé les activités d'artisanat et d'art ?


" Acheter des objets que j’aimais et vivre entouré d’eux me procurait du plaisir, mais après ma rencontre avec Yu Kobayashi, j’ai compris qu’il était encore plus gratifiant de fabriquer moi-même les choses dont j’avais besoin, puis de vivre avec elles. C’était une idée qui ne m’avait jamais traversé l’esprit auparavant. À cette époque, je n’avais jamais rien créé de mes mains, mais j’ai décidé de me lancer, sans école ni apprentissage, quelque part au bord de l’océan Pacifique, au Japon. "




Exposition de Yuji Yoshida



Comment parviens-tu à concilier ces trois activités aujourd'hui ?


" Je laisse volontairement un espace vide dans mon esprit, propice à l’émergence d’idées. Souvent, ce sont les hasards de mon environnement qui m’inspirent le plus, bien plus que ce que je cherche volontairement. Au Japon, les quatre saisons et leur climat changeant révèlent sans cesse de nouveaux détails dans un même verger d’agrumes. Les oiseaux, les insectes ou la lumière varient, et je découvre parfois des choses que je n’avais jamais remarquées. Ce cycle de la nature nourrit mon regard et crée une harmonie essentielle à mon travail.


En tondant un champ, je tombe parfois sur une forme inattendue de plante ou de pierre qui m’inspire une œuvre. En cueillant des fruits, ce sont des agrumes déformés, des feuilles marquées par les insectes ou rougies par le soleil qui attirent mon attention. Même le parfum des fleurs de camélia sauvage rencontrées par hasard apaise mon esprit et influence mon humeur. Tous ces détails deviennent des indices, des sources d’inspiration presque « accidentelles ».


Quand je m’immerge dans l’agriculture, je laisse mes idées artistiques fermenter. Ce vide intérieur m’aide à les affiner et à préparer leur émergence. La récolte des agrumes, de septembre à février, me demande beaucoup de temps, mais elle n’empêche pas ma pratique de l’artisanat et de l’art. Au contraire : cette immersion agricole nourrit ma créativité et enrichit mes œuvres. "



Avant cela, est-ce que tu t'intéressais à l'artisanat et aux techniques japonaises ?


" Oui, au début, je m’intéressais à l’artisanat traditionnel japonais. Après avoir passé du temps avec les artisans, j’ai pu le comprendre et l’apprécier pleinement. Cependant, mon intérêt s’est progressivement tourné vers l’art contemporain, non traditionnel. Quant aux techniques, elles m’attirent, mais ce n’est pas ce qui me passionne le plus. "



Quelles sont tes influences en matière d'artisanat ? Et en matière de design de mobilier ?


" Pour les deux, mon inspiration principale vient de la nature qui m’entoure. "




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As-tu déjà exposé en occident ?


" J'aimerais organiser une exposition personnelle en Occident prochainement. J'ai reçu une demande d'un commissaire d'exposition londonien. D'autres galeries nationales et internationales sont également présentes. Si vous avez de bons contacts avec des galeries contemporaines, n'hésitez pas à me les présenter ! "




créations artisanales de Yuji Yoshidan




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↳ Instagram @yuji___yoshida

crédit photos © yuji yoshida © gallery take

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